Anouck Faure avait remporté un large succès critique avec son premier roman (“La cité diaphane”). Il y avait beaucoup de bonnes choses dans ce texte, à commencer par l’ambiance et la qualité d’écriture. Autant de points forts qu’on retrouve dans le second roman de l’artiste plasticienne : “Aatea”. Récit d’aventure maritime teinté de magie, celui-ci confirme le talent protéiforme de cette nouvelle plume francophone.
Aatea est né sans filament, ce lien qui le relie à l’île Enatak qui le prive de son destin royal. C’est un Navigateur, il explore la Nuée. Sauf qu’un accident fera basculer son destin.
L’ambiance a un côté éthéré, renforcé par la poésie des mots et les descriptions des lieux qui tiennent plus des sensations que des faits. C’est bien ce ressenti qui donne au récit son caractère hypnotique teinté d’une magie diffuse et un brin ésotérique. Il y a ce monde qu’on explore par bribes, avec ses océans en suspension aux marées aussi impressionnantes que dangereuses et ses îles vivantes aux racines mortelles pour quiconque dépourvu d’un lien inné avec elles. Il y a ensuite ces peuples insulaires ou nomades, aux cultures élaborées. Enfin, la relation filiale entre Aatea et Paikea, très touchante, apporte son lot d’émotions.
Le parallèle avec Ursula le Guin est assez évident : ambiance maritime à la Terremer, propos social et anthropologique à la manière d’un planet opera… Car si Aatea est bien de la fantasy, la construction de ce récit initiatique navigue entre les genres et emprunte également à certaines formes de science fiction.
“Aatea” est un texte d’une grande beauté, ciselé et riche en vocabulaire malgré ses plus de quatre cent pages. S’il souffre de quelques longueurs et de plusieurs passages un brin nébuleux, le nouveau roman d’Anouck Faure est surtout une lecture d’évasion au fort parfum d’aventure. Le caractère novateur du monde de fantasy proposé ici ravira les lecteurs chevronnés qui partiront ravis à la découverte de la Nuée.
Edité aux éditions Argyll.
Lecture dans le cadre d’un service de presse.
