Serge Lehman est une figure tutélaire de l’imaginaire francophone depuis plus de 30 ans au moins : auteur et critique littéraire, il est également scénariste de bande dessinée. C’est avec cette dernière casquette qu’on le retrouve aujourd’hui : “Les navigateurs” est revenu du Festival d’Angoulême 2025 avec le prix du meilleur scénario. Une consécration pour ce grand monsieur et cette œuvre magnifiquement travaillée.

Trois amis d’enfance apprennent le retour en région parisienne d’une connaissance du lycée. Mais celle-ci disparaît subitement au sein même de sa propre maison. Pour les trois amis, aucun doute : elle a traversé la fresque qui orne les murs de sa maison…

Si vous ouvrez cette bande dessinée, prenez garde ! Car vous ne pourrez pas la lâcher avant la fin. Le scénario est absolument brillant : il démarre comme une tranche de vie, verse dans le thriller fantastique et termine dans l’horreur cosmique chère à Lovecraft. Ce mélange pourrait donner le tournis, mais il n’en est rien. Les liens avec les faits réels de la fin du XIXe siècle et d’évidentes recherches sur l’histoire de l’art et l’aménagement urbain parisien sont légions et parfaitement crédibles tout du long, à la manière des romans de Dan Brown par exemple.

Pour mettre en scène un tel scénario, il fallait un artiste au niveau : Stéphane de Caneva livre une prestation solide et constante de la première à la dernière page de cette épaisse bande dessinée. Les planches en noir et blanc initialement sages cèdent peu à peu la place à des compositions plus osées, même si l’ensemble reste assez classique. Il parvient en revanche à retranscrire les éléments fantastiques de l’intrigue avec brio.

“Les navigateurs” est une excellente surprise. Le scénario est le gros point fort d’un récit qui plaira aux amateurs de thrillers façon Stephen King et de fantastique à la Lovecraft. Efficace, l’écriture toujours crédible de Serge Lehman tient en haleine tout du long. Un coup de cœur !

Édité chez Delcourt.


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