Les romans de Jean-Laurent del Socorro sont toujours des petits événements éditoriaux. S’il figure parmi mes auteurs francophones préférés, c’est que son registre de prédilection, la fantasy historique, est également un sous-genre que j’affectionne particulièrement. Après la légende arthurienne dans “Morgane Pendragon”, Jean-Laurent del Socorro livre un second récit mythologique qui ravira les amateurs de sagas scandinaves… Voici “Les amants de Ragnarök”.

Alors que le Ragnarök s’annonce, Thor rêve de sa propre mort. Un destin scellé que n’accepte pas sa compagne Iarnsaxa. Dans une Irlande gagnée peu à peu par le Christianisme, Jorúnn pleure la mort de son amante tombée au combat. Elles s’allient pour affronter leur deuil.

“Les amants du Ragnarök” est un récit sur la puissance de l’amour bien sûr, mais aussi et surtout sur le deuil. L’acceptation, la révolte, la vengeance, la dépression… Il y a autant de chemin à travers l’épreuve que représente la perte d’un être cher que d’individus. Les dieux apparaissent tout autant faillibles et criblés de doutes que les hommes. L’ambiance crépusculaire tandis que les anciens dieux sont oubliés au profit du Christianisme est particulièrement prégnante. Qu’advient-il des dieux et des mythes une fois ceux-ci abandonnés ? Enfin et tout comme dans “Morgane Pendragon”, le récit fait la part belle aux héroïnes : a chacune son courage et ses forces.

En termes de style, on est ici assez proche de “Boudicca”, qui livrait une biographie romancée d’une des figures féminines les plus fascinantes de l’histoire celte. La plume est ciselée, les chapitres sont courts et le style intemporel colle parfaitement avec la civilisation et l’époque évoquées dans le texte. L’auteur a décidément un sens aiguisé de la formule, et parvient à véhiculer un large panel d’émotions alors que la plupart des protagonistes sont des métaphores, des archétypes ou des dieux. 

Je place “Les amants du Ragnarök” parmi les meilleurs romans de l’auteur, et parmi les plus beaux textes de fantasy historique de ces dernières années. Habillement tissé, le récit confirme que Jean-Laurent del Socorro est un grand conteur.


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