Le titanesque travail d’adaptation des écrits de Lovecraft par le maître mangaka Gou Tanabe s’est vu célébré lors de la 52 ème édition du Festival d’Angoulême par une exposition de ses planches originales. L’occasion de replonger dans ses adaptations tout aussi respectueuses des textes de l’écrivain américain qu’audacieuses dans leurs représentations graphiques.

En divers lieux, plusieurs personnes font des cauchemars dans lesquels ils voient une cité antique et des monstres gigantesques. Ailleurs, un culte préhistorique semble gagner des adeptes. Il prêche le retour de divinités venues des étoiles et depuis longtemps disparues…

“L’appel de Cthulhu” est la nouvelle la plus emblématique du corpus de textes de Lovecraft consacrés au mythe des Grands Anciens. Gou Tanabe livre une adaptation fidèle et plutôt littérale du texte, en reprenant la structure sous forme de propos rapportés et de récits de seconde main. La force de la nouvelle de Lovecraft tient dans son pouvoir évocateur. Forcément, en passant au manga, ce qui est suggéré doit être montré et ce qui est indescriptible doit être dessiné. Aussi, il faut voir dans cette adaptation la vision d’un artiste, celle de son auteur.

Les planches de Gou Tanabe sont absolument remarquables. Le mangaka a un trait qui peut rappeler l’école de la BD européenne. Si l’ouvrage est en noir et blanc et dans le sens de lecture japonais, il me paraît néanmoins bien plus comparable à un roman graphique qu’à un manga traditionnel. A noter que la méthode de travail de Gou Tanabe, qui dessine sans l’aide d’assistants, est des plus personnelles : il dessine à l’encre motifs et éléments en s’aidant de reproduction 3D de ce qu’il souhaite figer sur le papier, avant d’assembler les différentes couches via l’outil numérique. Le résultat fourmille de détails tout en gardant une lisibilité optimale et le caractère intemporel du travail traditionnel. 

“L’appel de Cthulhu” est sans hésitation la meilleure porte d’entrée pour découvrir Lovecraft et Gou Tanabe. Une adaptation cinq étoiles d’un texte culte.

Édité aux édition Ki-oon.


Leave a comment