Forcément, cette chronique littéraire ne sera pas comme les autres. C’est impossible quand on s’attaque à un chef d’oeuvre. “1984” de George Orwell est un livre culte et la figure de Big Brother est entrée dans l’imaginaire collectif et le langage courant.
On suit Winston, un membre du parti unique de l’Eurasie, qui occupe un tiers du globe. La société est régie par un système totalitaire assumé et accepté. Rares sont les transfuges, et ceux-ci vivent dans la peur de la police qui voit et surveille tout le monde.
“1984” est une formidable lecture encore aujourd’hui. Si la guerre froide n’est plus d’actualité, les tensions géopolitiques dans le monde atteignent un nouveau paroxysme. L’établissement de régimes totalitaires rendus possibles par les avancées technologiques est au cœur des débats actuels sur la modération des réseaux sociaux ou encore sur l’utilisation des données personnelles et de géolocalisation. George Orwell livre la dystopie ultime, car il en analyse les caractéristiques mais également la philosophie qui l’a vue naître ainsi que les processus qui la rendent pérenne, notamment le conditionnement des esprits. La dissection de toutes ces composantes est passionnante et s’imbrique dans le récit sans trop le ralentir.
Je sais bien que l’objectif de mes critiques littéraires est de vous dire si j’ai apprécié ou non le roman, mais dans le cas présent, la question ne se pose pas car c’est évidemment un chef d’œuvre qu’il faut avoir lu. Alors je vais plutôt m’attarder sur un concept au cœur du récit d’Orwell et qui m’a fasciné : le “doublepenser”, ou le fait de modifier la réalité sciemment tout en passant outre car le mensonge est de facto la nouvelle réalité. Un sujet brûlant en 2025 avec les fake news et les théories complotistes.
Orwell sort son œuvre de fiction du pur objectif de divertissement pour constituer une étude des ressorts du totalitarisme. C’est une lecture forcément marquante et toujours pertinente aujourd’hui. La marque des grands textes.
Nouvelle traduction chez les éditions Gallimard et en poche dans la collection Folio.
