[DYSTOPIE] “Sa majesté des mouches” de William Golding est resté dans l’histoire comme un classique anglo-saxon, et ce depuis sa première parution dans les années 50. Son auteur, couronné du Prix Nobel de Littérature en 1983, livre son analyse des rapports entre humains une fois disparues les barrières culturelle et sociétale, à travers cette bande d’enfants naufragés sur une île déserte. Glaçant.

Il y a Ralph, celui qui veut faire le bien mais manque d’autorité, propulsé chef par quasi hasard. Porcinet, gros et myope, dont tout le monde se moque malgré son intelligence. Jack le charismatique chef de chœur emplit de rancœur de ne pas avoir été choisi comme meneur. Et les autres : procrastineurs, suiveurs, brutes ou taiseux… Que des garçons, d’ailleurs. 

William Golding montre que les règles initiales, entendues et respectées par tous, finissent par se délier sans cadre défini. Il développe son idée de la rébellion néfaste, du deni de réalité, du déguisement comme rempart à la morale. D’hystéries collectives menant à des drames en querelles inter-personnelles, c’est le fragile équilibre essentiel au vivre ensemble qui vacille. La contribution de tous à des tâches importantes et vitales pour le groupe est nécessaire, mais pas toujours acceptée, l’égoïsme tutoyant souvent l’altruisme. Les adolescents sont autant de miroirs grossissants dont les reflets nous sont renvoyés, peu flatteurs, mais particulièrement justes sur la quête de pouvoir quasi animale de l’être humain.

“Sa majesté des mouches”, avec ses protagonistes adolescents et son cadre insulaire, est une dystopie d’un genre bien particulier. Sous ses airs de robinsonade survivaliste, le roman culte de William Golding s’attache à décrire l’homme dans un contexte d’effondrement de la société. Intérêts personnels et réalisations collectives… Les premiers prenant rapidement le pas sur les seconds. Une lecture marquante.

Édité en poche aux éditions Folio.


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