Les adaptations littéraires en bande dessinée se poursuivent et s’appuient généralement sur un texte de base qualitatif. C’est le cas de “Sol-13”, qui rejoint la collection de textes de Julia Verlanger qui ont été réinterprétés par des artistes du 9e art. Une bonne pioche ?
La couverture donne clairement envie de découvrir cette bande dessinée qui s’inscrit dans le genre du planet opera. Des humains ayant régressé à un stade culturel primitif sont opprimés par une race alien autochtone. Des émissaires de l’humanité qui s’est développée dans l’espace sont sur place et font face à un dilemme de taille : intervenir ou laisser faire.
C’est un débat moral et éthique qui se pose à plusieurs professions. Face à la brutalité de ce qui se passe devant soi, doit-on rester simple observateur ou bien s’engager, quitte à perturber l’écosystème entier ? C’est tout le propos de “Sol-13”. Bien entendu, le format BD fait que le tout avance vite, les scènes d’actions se concluent en quelques cases, et les personnages, notamment secondaires, ne sont que peu développés au-delà de leur trait de caractère principal.
Là, on touche les doigts les limites de l’exercice d’adaptation : l’intensité dramatique dépend de l’affect développé par le lecteur envers les personnages, et cet attachement a besoin de temps pour se créer. La BD ne le permet pas forcément. C’est donc d’une manière très détachée que j’ai suivi cette histoire, qui survole également les sujets ethnographiques qui font souvent l’intérêt des planet opera. Reste que le scénario de Harry Bozino est cohérent et bien construit, et qu’il peut compter sur de belles planches de Federico Dallacchio dans un style réaliste.
“Sol-13” est une adaptation de qualité mais laisser plusieurs tomes à l’intrigue aurait probablement été judicieux. Je salue quoi qu’il en soit les Humanoïdes Associés et leur démarche de mise en lumière de la bibliographie d’une grande dame de la science-fiction francophone.
Édité chez Les Humanoïdes Associés.
