En 2024, la maison d’édition Argyll lance une nouvelle collection de textes courts écrits par des femmes engagées de tous les horizons : ReciFs. La première publication prend le lecteur par surprise : “Le bracelet de Jade” est une novella de fantasy historique chinoise, écrite par Mu Ming.

Au XVIIe siècle, à la fin de la dynastie Ming qui est peu à peu renversée par les Qing venus de Mandchourie, Chen vit avec son père dans le Sud-Est de la Chine. Elle entre en possession d’un bracelet de jade remarquable par sa beauté qui conduit son père, haut fonctionnaire retiré du monde, à bâtir un jardin à son image.

J’ai eu la chance de vivre en Chine et d’en étudier la langue. Malgré cela, le texte de Mu Ming reste une lecture exigeante. Les concepts de pensée et les références à la littérature et aux arts classiques chinois comme la poésie donnent au texte plusieurs niveaux de lecture et tous ne sont pas forcément accessibles. À ce titre, avoir un avant-propos du traducteur sur le contexte historique de l’intrigue, sur l’intention de l’autrice et le courant littéraire dans lequel elle s’inscrit ainsi que sur l’importance de l’art des jardins en Chine est une excellente chose. Celui-ci donne les clés de compréhension principales.

La collection “ReciFs” met en avant des récits engagés. Ici, c’est assez subtil tant l’intrigue est contemplative et surtout portée sur la philosophie. Néanmoins, le père de Chen fait face dans sa carrière à la corruption, aux inégalités de revenus et plus généralement aux conflits intéressés entre propriétaires. Il y a un fort contraste entre le raffinement des élites et la misère des paysans. J’ai beaucoup aimé le lien entre le père et sa fille qui aborde le thème de la transmission.

“Le bracelet de Jade” est l’occasion de découvrir une fantasy extrême-orientale qui n’arrive que très rarement jusqu’à nos contrées. On sent toute la difficulté à traduire de tels textes, très imagés de par leur écriture initiale en idéogrammes et fortement ancrés dans une culture méconnue. Le talent de Gwennaël Gaffric à la traduction nous permet néanmoins de goûter à la poésie contemplative de la novella.

Édité dans la nouvelle collection RéciFs des éditions Argyll.


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