Injustement boudée sur L’Utopie Littéraire jusqu’à présent, Octavia E. Butler y fait son entrée par la grande porte avec la critique de son roman le plus célèbre : “La parabole du semeur”. Derrière cette référence biblique se cache un récit post apocalyptique à hauteur d’homme (ou plutôt, de jeune fille), dans une Amérique qui sombre dans le chaos.

La fille d’un pasteur noir atteinte d’hyper-empathie survit avec sa famille et son quartier derrière un mur. Ce qui la sépare de la rue et de la violence qui y règne semble plus fragile au fur et à mesure des mois. Car une crise sociale et climatique s’abat sur les États-Unis et fracture la société. Alors, l’adolescente débute la rédaction d’un évangile à elle, “Le livre des vivants”.

Octavia E Butler a choisi le post apocalyptique et de nombreuses scènes sont violentes, voire choquantes. C’est bien entendu voulu, et elle oppose à la barbarie de ceux qui ont perdu toute humanité après avoir perdu tout le reste la vision d’espoir de son héroïne. Celle-ci va prêcher sa vision de la destinée de l’homme et de Dieu dans un monde en déliquescence. Les instants de grâce, d’empathie et d’altruisme parsèment le récit autrement très sombre.

Car l’autrice martèle son message tout du long. Ce ne sont ni les cultes implantés, ni les politiques et encore moins les patrons d’entreprises qui seront là pour tendre la main. Et donc, par conséquence, c’est à chacun de devenir acteur du changement qui permettra de dégager un futur inspirant pour les nouvelles générations. La plume d’Octavia E Butler est fluide, sensible et proche de ses personnages. Si le récit fonctionne, malgré un certain classicisme (le post apocalyptique a été exploré par tant d’auteurs depuis les années 90 !), c’est grâce à son héroïne attachante et à son message.

Alors que dans les rues, l’homme est plus jamais un loup pour l’homme, une Evangile d’espoir portée par une jeunesse consciente et engagée peut croître à condition qu’on veuille y croire. Voilà d’ailleurs le sens de la parabole du semeur telle que présentée dans la Bible. Le roman éponyme est évidemment un coup de cœur.

Édité en poche aux éditions du Diable Vauvert.


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