Emily St John Mandel s’est fait connaître hors des frontières du Canada avec “Station Eleven”, un roman post-apocalyptique qui reste à ce jour son plus grand succès littéraire en étant lauréat du prix Arthur C. Clarke. J’ai lu ce roman à l’époque et j’en garde un bon souvenir. Avec “La mer de la tranquillité”, l’autrice nous propose une histoire réussie de voyage dans le temps.

Résumer l’accroche du roman consisterait à en divulguer un gros tiers, comme le fait d’ailleurs la quatrième de couverture. Il faut dire que les débuts sont surprenants, avec plusieurs histoires à différentes époques sans lien visible entre elles. Le seul point commun est un phénomène étrange qui semble se répéter de manière identique. Je n’en dirai pas plus !

Je suis très difficile en ce qui concerne les histoires de voyages temporels, dans lesquelles il est facile d’avoir des incohérences. Ici, la construction du récit est franchement maline, et s’attarde sur une expérience d’anomalie temporelle. Le livre aborde l’hypothèse de simulation, que j’ai toujours trouvé vertigineuse (comment savoir si la réalité est bien ce qu’elle est et non pas une simulation émanant d’une entité plus grande que nous ?), mais ne s’engage pas réellement dedans. 

En phrases simples et courtes, l’autrice privilégie la clarté du propos au style. Clairement, “La mer de la tranquillité” est un livre concept, dont l’idée spéculative forme le corps et le cœur, au détriment des personnages qui ne sont que des outils pour le développement de l’intrigue. Comme un puzzle, chaque élément finit par trouver sa place, chaque temporalité son rôle et chaque question sa réponse.

Bien différent de “Station Eleven”, “La mer de la tranquillité” n’en est pas moins un petit bijou de narration. L’autrice tisse habilement une intrigue qui met du temps à réellement décoller, mais dont chaque élément finit par contribuer au dénouement. Histoire de voyage dans le temps subtile qui ne perd jamais le lecteur, le dernier livre de l’autrice canadienne est une belle réussite en la matière.

Édité en poche aux éditions Rivages.


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