[IMAGINAIRE] Les littératures de l’imaginaire s’immiscent parfois dans les catalogues d’éditeurs généralistes. “Les marins ne savent pas nager” est de ces romans à la lisière de la fantasy et de la littérature générale. Venue du Québec, le roman de Dominique Scali fleure bon le sel et les embruns.

S’il y a bien des personnages dans ce roman, et notamment Danaë Poussin dont on va suivre la vie, c’est bien l’archipel d’Ys qui apparaît comme le personnage principal. Car le roman nous narre l’histoire et les us et coutumes d’un pays imaginé de toutes pièces par l’auteur. Forcément, on pense à Ursula le Guin par moment, bien que le ton et la plume soient très différents. On y retrouve en revanche ce même goût pour les sciences sociales et l’ethnologie, un même souci du détail en la matière qui rend le peuple Issois aussi vrai que n’importe quelle nation bien réelle au XVIe siècle.

Les Issois vivent avec l’océan, les grandes marées et les coups de vent. Il y a cet antagonisme entre la Cité où l’on vit de frivolité et les Echouements ou la vie est rythmée par la pêche, les rapines et les naufrages. Cette sélection des méritants semble si injuste et incompréhensible, elle régit pourtant la plupart des rapports entre les habitants. Ces derniers ont leur vocabulaire, leurs coutumes, leur brin de sagesse dont il faut faire preuve pour être “Issois”. A travers plusieurs personnages secondaires forts que croisera Danaë Poussin au cours des cinq parties qui structurent le roman, on en vient à comprendre la mentalité de ce peuple fier et maritime, entre France, Angleterre et Terre-Neuve. 

Alors voilà, résumer “Les marins ne savent pas nager” est une idée vouée à l’échec, car c’est un livre-univers, dans lequel on s’immerge au fil de lecture grâce à la plume ciselée et si personnelle de Dominique Scali. Fantasy sans magie, récit historique qui verrait l’émergence de cet archipel fictif au milieu de l’Atlantique, parcours de vie et étude ethnographique… Ce roman impressionne par sa richesse et son unicité. Un trésor d’évasion sorti des flots.

Edité en grand format chez La Peuplade Romans, en poche en deux tomes chez Folio.


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