J’arrive après la bataille avec un avis sur “Feu et Sang”, la prequelle du “Trône de Fer” de G.R.R Martin qui avait fait couler beaucoup d’encre à sa sortie. Entre refus d’obstacle face à l’écriture de la suite de la série tant attendue et nécessité de livrer du matériel neuf à des fins d’adaptation télévisuelle, le risque du récit de trop est immense…
Bien sûr, on ne peut que lever les yeux au ciel et soupirer en sachant que l’auteur aurait pu livrer la suite du Trône de Fer plutôt que cette chronique sur la famille Targaryen. Car si G.R.R Martin cherche à limiter le caractère aride d’un tel exercice, en jouant sur les narrateurs successifs et leurs personnalités, l’ensemble manque néanmoins de souffle et, fort logiquement, d’esprit romanesque.
La longue histoire de la famille Targaryen ne manque pourtant ni d’épique ni de tragique, de la Conquête de Westeros par Aegon le Conquérant à la Danse des Dragons actuellement adaptée en série TV par HBO sous le titre “House of the Dragon”. Mais le choix de s’inspirer dans la forme du Sillmarillon de Tolkien ne permet pas de s’attacher aux personnages. Le livre balaie une telle période de temps que les noms, lignages et destins mêlés se succèdent sans toujours faire vibrer le coeur du lecteur. Là où le chef d’oeuvre de Tolkien est empli de mythes et remonte à la création du monde et sert de socle à tout l’univers de l’auteur, “Feu et Sang” est bien plus terre-à-terre.
À la lecture de ces mots, vous vous dites sans doute que la lecture m’a été pénible. Il n’en est rien. En fan de la série mère, me replonger dans les intrigues de pouvoir de Westeros m’a enchanté. Pour ne pas perdre le fil, mieux vaut lire ce “Feu et Sang” goulûment plutôt qu’en le picorant, et en ayant des attentes sagement mesurées. On attend toujours l’Arlésienne qu’est le tome 6 du Trône de Fer, toujours en gestation… Et une probable suite à ce “Feu et Sang” qui se termine brusquement et sans faire de lien avec le reste des écrits de G.R.R Martin.
Intégrale semi-poche éditée aux éditions J’ai Lu.
