Quand je débute un roman de Clifford D. Simak, il y a toujours cette peur ridicule de m’ennuyer sur un texte qui aurait vieilli. Le fait est que “Demain les chiens” avait été un coup de coeur, fort d’une certaine poésie. “Au carrefour des étoiles” est probablement le second chef d’oeuvre d’un auteur phare des années 1960.
Enoch Wallace vit dans le Wisconsin. Âgé de plus de 130 ans, il en fait à peine 30. Car Enoch, bien loin d’être aussi reclus qu’il n’y paraît, est le gardien d’un relais galactique, une gare de passage pour les espèces conscientes de la galaxie, en transit dans notre système solaire.
“Au carrefour des étoiles” est le pinacle de l’oeuvre de Simak, alors au sommet de ses talents d’écrivain de science fiction. Le texte est définitivement le sien, fort d’une mélancolie un brin rêveuse, contemplative et utopique et d’une grande sensibilité dans les rapports entre les personnages. Car ceux ci se respectent, tentent de se comprendre et d’apprendre les uns des autres malgré des différences totalement impossible à appréhender.
Bien entendu, ce texte vieux de plus de soixante ans est ancré dans son époque, notamment la guerre froide et la perspective d’une guerre nucléaire. Il y a le cadre également. Une certaine naïveté également dans la manière d’aborder les concepts scientifiques. Mais tout cela n’est qu’un moyen pour l’auteur qui souhaite avant tout développer un message social et sociétal, ainsi que profession de foi en la capacité pour l’Homme de dépasser la violence qu’il inflige à son prochain et à la Terre. Des préoccupations finalement bien actuelles.
“Au carrefour des étoiles” est le récit de premier contact le plus optimiste et le plus fraternel que je connaisse. C’est encore aujourd’hui un incontournable pour quiconque s’intéresse aux classiques de la SF. A découvrir dans sa nouvelle traduction de 2021 !
Edité en grand format dans la collection Nouveaux Millénaires, en poche chez J’ai Lu imaginaire.
