Les éditions Mnemos démarrent leur année avec une vraie prise de risque. “Le voyageur en noir” est la réédition au format intégrale de plusieurs nouvelles de fantasy d’un auteur prolifique dans les années 60 et 70, John Brunner, bien plus connu pour ses textes de science fiction.
Dans ce monde riche en magie, couleurs, monstres et dieux, un voyageur solitaire va de ville en chemin, doté d’un bâton de lumière. Mandaté par les dieux pour combattre le chaos et faire advenir l’ordre, il peut exhausser les voeux.
Première surprise, nous avons affaire à un fix-up de nouvelles qui font intervenir le même personnage. Mais leur écriture s’étale sur près d’un quart de siècle, et leur structure assez semblable rend la lecture assez répétitive. L’intérêt vient du ton tantôt sarcastique, tantôt mélancolique que John Brunner imprime à ses textes. Il semblerait que ce voyageur en noir soit le héraut de son auteur, désolé de la folie des hommes : religions, superstition, narcissisme, mesquinerie et antagonismes… Tant d’obstacles se dressent en travers de la logique et de la paix !
L’absence de caractérisation des personnages au delà d’une vertu ou d’un vice et les situations souvent caricaturales dont découle généralement une morale sont parmi les ingrédients du conte qui se retrouvent dans “Le voyageur en noir”. Et je pense que c’est l’exercice de style voulu par l’auteur, qui utilise ainsi la fantasy comme une fable permettant de dénoncer l’absurdité de notre propre société.
En tout honnêteté, je n’ai pas spécialement apprécié ma lecture. Je préfère John Brunner en science fiction (son cycle de la Tétralogie Noire notamment), mais ceux qui ne jurent que par la fantasy peuvent découvrir l’auteur avec “Le voyageur en noir”. Attention néanmoins où vous mettez les pieds : l’histoire éditoriale des nouvelles et le ton fortement allégorique du récit sont en décalage certain avec la superbe couverture dans l’ère du temps proposée par l’éditeur.
Edité en grand format aux éditions Mnémos.
