Jean Laurent del Socorro est vraiment un auteur francais à suivre quand on aime la bonne fantasy historique. En s’inspirant de faits réels, il tisse des intrigues prenantes à la lisière entre littérature blanche et fantasy, en gardant un soupçon de magie pour mieux dissocier ses textes de la réalité. Avec “Morgane Pendragon”, il propose une version modernisée et paritaire de la légende des chevaliers de la Table Ronde.

Tout commence par la mort d’Uther et son défi : son héritier sera celui ou celle qui retirera son épée de la pierre. Morgane est l’élue, tandis qu’Arthur a échoué. Il lui faudra alors unir les royaumes déchirés par les ambitions politiques et l’arrivée sur l’île de Bretagne du Christianisme.

L’auteur parvient à jouer des codes de l’idéal chevaleresque pour proposer sa version des grandes quêtes des membres de la Table Ronde. Les femmes, bien loin des demoiselles en détresse, sont des chevaliers égales des hommes. Si ce n’est pas à l’aune de leur sexe que les personnages sont jugés, leurs actes, leurs allégeances et leurs caractères sont tous bien travaillés. Du sort tragique d’Arthur aux mystères des brumes d’Avallon, on engloutit ce roman qui bouscule l’imagerie classique du mythe tout en restant d’une fluidité parfaite. Et on y croit !

Car Jean Laurent del Socorro a un talent, c’est celui d’être un excellent conteur. Bien écrit, le texte fait la part belle au lexique et à la facture classique des romans de chevalerie (Malory et Chrétien de Troyes en tête). Il se révèle dans le même temps moderne et divertissant dans sa narration. Tragédie, doute, gloire, félicité… Les émotions sont fortes et sonnent juste !

“Morgane Pendragon” est une franche reussite. Cette réécriture paritaire, modernisée et pourtant bien documentée du mythe arthurien a tout de l’excellent récit d’aventure. L’exercice un brin risqué accouche d’un roman parmi les meilleurs de l’auteur. A lire, vraiment !

Edité en grand format chez Albin Michel Imaginaire.