Dire que l’arrivée d’Audrey Pleynet au sein de la collection Une Heure Lumière était attendue, c’est un euphémisme. La trop rare autrice excelle dans la forme courte. J’avais chroniqué son recueil de nouvelles de SF auto édité il y a quelques années, et la voilà donc de retour aux affaires avec “Rossignol”, un texte qui se propulse parmi les meilleurs de la collection.
Au sein d’une station spatiale qui grandit au fil des ajouts de vaisseaux venant s’arrimer à l’ensemble, de nombreuses espèces parties à la conquête de l’espace depuis leurs mondes respectifs cohabitent. Des rencontres naissent des êtres hybrides, plus ou moins viables et compatibles. Un équilibre qu’un conflit larvé entre fusionnistes et speciens va faire exploser.
C’est un texte de SF bigrement intelligent que ce “Rossignol” ! Il est à la fois divertissant dans son intrigue, sensible dans la description des rapports entre les personnages et porteur de nombreuses questions sociales. Le court roman décrit un monde à première vue idyllique, ou tous cohabitent en acceptant des conditions de vie préservant la survie de tous. A ce métissage accepté, riche en expérimentations et en échange entre les cultures, s’oppose un courant de pensée identitaire.
Mais au delà d’un affrontement entre le bien et le mal, Audrey Pleynet questionne le transhumanisme, le déracinement aussi par le biais de ces être hybrides n’appartenant à aucune planète, ainsi que les mouvances radicales. L’utopie du vivre ensemble à tout prix, de l’assimilation et de l’échange de techniques pour le bien commun vole en éclat tandis que les intérêts capitalistes deviennent grandissants.
Audrey Pleynet signe un texte de qualité, qui utilise la science fiction pour interroger nos sociétés. Dans ce registre, “Rossignol” est vraiment solide, sans perdre de vue la finalité d’une oeuvre de fiction : embarquer le lecteur, lui offrir une intrigue bien ficelée et des personnages mémorables.
Édité au sein de la collection Une Heure Lumière des éditions du Bélial.
