Quelle lecture que ce dernier roman d’Emmanuel Brault ! Le label Mu s’est fait une spécialité des expériences littéraires à la frontière des genres, et “Tous les hommes” en est peut être la plus éclatante des réussites.
Les ulysses parcourent l’espace pour alimenter les planètes de la Fédération Française en énergie. Vangelis, son apprenti et Alfred, mécanicien “centaure” vivent dans le huis-clos de leur vaisseau l’expression de sentiments interdits.
L’auteur joue l’équilibriste sans jamais chuter. Sur le fil entre thématiques révoltantes et propos emplis d’une sensibilité formidable, Emmanuel Brault nous livre un ovni littéraire brillant. La balade spatiale de planète en planète, sorte de “Lost in translation” du futur, offre de purs moments d’évasion que de brusques retours à la dure réalité vient faire exploser.
Quand aux personnages, si l’apprenti a le rôle de narrateur candide, Vangelis et Alfred ont eux des personnalités complexes. C’est Alfred qui porte le récit : cet esclave qui souhaite l’égalité entre hommes et centaures, qui lit et s’instruit sans totalement rattraper son retard, jusqu’à une bascule militante qui va tous les impliquer. D’amour et d’amitié, il est question aussi. D’interdits, de loyauté, de mission et de devoir également, et ce dans un texte court à l’intrigue concentrée sur trois protagonistes. Un véritable tour de force !
Nous ne sommes que fin février, aussi cette phrase est peut être prématurée.. Mais “Tous les hommes” est un énorme coup de cœur et un candidat, dès aujourd’hui, au titre de roman de l’année. Pertinent, divertissant et réfléchi, ce texte d’Emmanuel Brault va me rester en tête bien longtemps.
Edité au sein du label Mü des éditions Mnémos.
